Depuis 2010, Charles Fréger (France, 1975) explore les rites et traditions populaires à travers les cultures. Une recherche photographique au long cours, qui le conduit des mascarades hivernales sur le continent européen, avec Wilder Mann (2010-2011), aux figures rituelles masquées de l’archipel nippon, avec Yokainoshima (2013-2015). En 2019, une exposition personnelle au château des ducs de Bretagne, à Nantes, dévoile le troisième volet de cette ambitieuse série de portraits, poursuivie entre 2013 et 2018 sur le territoire américain.
Dans un espace géographique s’étendant du sud des États-Unis au Brésil, Charles Fréger dresse cette fois un inventaire, non exhaustif, des mascarades pratiquées par les descendants d’esclaves africains. Intitulé Cimarron, du nom des esclaves fugitifs ayant fondé des communautés, ce nouvel ensemble questionne l’hybridation et la diversité des cultures afro-caribéennes et afro-américaines. Derrière la multitude de traditions masquées photographiées par Charles Fréger se meuvent les fantômes d’hommes et de femmes aspirant à la liberté. Ici, la mascarade incarne plus que jamais la mise en regard d’une communauté par une autre. Elle ouvre un espace où, à travers les gestes et les parures, l’on rejoue le rapport à l’oppresseur pour le renverser et le subvertir.
Parallèlement à son programme Immersion, une commande photographique franco-américaine, et au mécénat exclusif du Prix Henri Cartier-Bresson, l’action de la Fondation en faveur de la création photographique prend la forme de plusieurs soutiens. C’est en ce sens qu’elle accompagne depuis plusieurs années le travail de Charles Fréger. Après avoir exposé Wilder Mann dans ses anciens espaces de Berne puis de New York, en 2012 et 2013, la Fondation a ainsi rendu possible la création de Yokainoshima à travers le Japon. Ce travail a ensuite été exposé en 2016 au Forum, à Tokyo, puis, de nouveau avec le soutien spécifique de la Fondation, aux Rencontres d’Arles, en 2016. Enfin, la Fondation soutient la production de Cimarron et sa présentation au château des ducs de Bretagne en 2019.