Cette année 2014 correspond à la première année du deuxième cycle du programme de Résidences d’artistes, initié dès 2010. Les parrains de ce cycle d’une durée de trois ans sont des artistes reconnus avec lesquels la Fondation entretient une complicité active : il s’agit de Jean-Michel Alberola, Ann Veronica Janssens et Richard Fishman.
Parrainée par Richard Fishman, Jennifer Vinegar Avery (États-Unis, 1983) est accueillie en résidence au sein de la Holding Textile Hermès, en région lyonnaise. Dans la continuité de son travail autour des poupées et de la symbolique du Petit Chaperon rouge, la plasticienne et performeuse donne corps à un ensemble de personnages féeriques. Nées au terme d’un important travail de récolte de chutes textiles, d’assemblage et de couture mené avec les artisans, Pupa, Poubelles, Bêtes incarnent l’imaginaire haut en couleur de l’artiste. Elle les met ensuite en scène dans une fiction intimiste placée sous le signe de l’Éros et de la féminité, à mi-chemin entre le théâtre, le conte, la performance et la sculpture.
Chez Puiforcat, à Pantin, Clarissa Baumann (Brésil, 1988) défie les gestes et les savoir-faire des artisans pour questionner les limites de la matière, jusqu’à risquer son effacement. Expérimentant au sein de la manufacture sous l’œil attentif de sa marraine, Ann Veronica Janssens, elle conduit différentes tentatives d’étirement d’une cuillère en argent. L’étonnante sculpture minimale obtenue, un fil d’une longueur de dix-sept mètres, se mue en un instrument aux vibrations subtiles. Observant la poussière d’argent dégagée lors du travail à la lime par l’orfèvre, l’artiste imagine également la conception de la plus petite sphère d’argent réalisable par la main de l’homme. Lors d’une performance à l’issue de la résidence, la délicate sphère, à la limite du visible, est passée de main en main… jusqu’à sa disparition.
En résidence au sein des Ateliers Hermès à Paris et Pantin, Lucie Picandet (France, 1982) se confronte aux spécificités du travail du cuir pour réaliser une impressionnante œuvre figurative. L’artiste parrainée par Jean-Michel Alberola a procédé au choix des peaux avant leur refente, le collage de renforts, la découpe et l’assemblage final sur un grand châssis circulaire en bois. Qui me soit chair, dont les éclatantes couleurs en à-plat sont autant de surfaces de cuir, puise l’inspiration de son dessin dans l’Égypte antique. Enchâssés l’un dans l’autre, une femme et un crocodile forment un Ouroboros qui symbolise l’infini et la régénérescence de l’âme.