Au Forum, la transition entre 2023 et 2024 s’est effectuée sous le signe du dialogue et de l’écologie. À la suite de l’exposition personnelle de Jaeeun Choi « La Vita Nuova » présentée à l’automne 2023, l’année 2024 s’ouvre avec « Ephemeral Anchoring », second volet du diptyque « Ecology: Dialogue on Circulations ». Réunissant quatre artistes, cette proposition explore la circulation de l’énergie entre la nature et les individus et en dévoile tout le potentiel.
Le photographe et plasticien français Nicolas Floc’h (né en 1970), connu pour ses images de paysages sous-marins, documente à travers ses tirages des aspects invisibles des activités humaines sur les écosystèmes de la mer. Sur la terre ferme, la série « Riding Modern Art » du plasticien Raphaël Zarka (né en 1977) réinterprète les sculptures monumentales présentes dans l’espace public par le biais des skateurs qui se les approprient comme des architectures urbaines propices à réaliser leurs figures. Travaillant in situ avec une attention aiguë à ce qui l’entoure, la plasticienne néo-zélandaise Kate Newby (née en 1979) présente des céramiques élaborées à plusieurs mains entre le Texas, où elle réside, et Mashiko-machi, un village du centre du Japon réputé pour ses savoir-faire potiers. Ses créations reflètent autant son quotidien que l’environnement dont elles procèdent. Enfin, l’artiste japonais Takeshi Yasura (né en 1984) aborde les nouvelles technologies, le monde vivant, les objets inanimés et les humains de manière transversale pour concevoir des installations qui insufflent une pensée écologique dans son approche du monde. Engagée en faveur d’une pratique artistique éco-responsable, l’exposition « Ephemeral Anchoring » se prolonge à travers des rencontres et conférences avec les artistes. Enfin, elle entre en résonance avec l’exposition « Our Ecology : Toward a Planetary Living » présentée jusqu’au 31 mars 2024 au Mori Art Museum de Tokyo, à laquelle participent notamment Kate Newby et Takeshi Yasura.
Cette dimension écologique anime également l’événement « Earth-Life Learning » qui se déploie ensuite au Forum. Il s’agit cette fois d’une présentation en trois temps — élaboration, activation et démantèlement — programmée dans le cadre de l’Académie des savoir-faire au Japon dédiée à la terre. Le projet repose sur les propriétés constructives de cette matière, l’une des rares qui permet de bâtir des structures à la main sans outillage. Au cours de trois week-ends d’ateliers dirigés par l’architecte et historien de l’architecture Terunobu Fujimori, une dizaine d’adolescents vont ainsi édifier une maison de terre inscrite dans un paysage. Pensée à l’échelle de l’homme, cette architecture symbolique accueillera des rencontres et partages d’expériences tout en dialoguant avec d’autres pièces en terre installées dans Le Forum (œuvres contemporaines ou patrimoniales ainsi que des productions issues des ateliers de l’Académie des savoir-faire dédiée à la terre menés au printemps). Au terme de l’été, le public sera invité à réfléchir au possible retour à la terre de cette architecture éphémère, et à envisager les multiples connexions possibles avec cette matière universelle depuis nos vies urbaines. Une programmation foisonnante destinée à sensibiliser les visiteurs aux différents aspects du tsuchi, un terme japonais qui englobe aussi bien la planète terre que le sol ou l’argile.
